Le saviez-vous : Nelson Mandela était fiché comme terroriste jusqu’en 2008
3 min readPar Romane Carmon
De l’arrivée de Reagan à la Maison-Blanche et jusqu’en 2008, le parti de Nelson Mandela, l’African National Congress (ANC) est considéré par les Etats-Unis comme une organisation terroriste. Pour cause ? Son engagement contre l’apartheid en Afrique du Sud qui, depuis 1948, fait la clé de voûte de la vie politique, sociale et économique du pays.
Fondé en 1912 pour défendre les intérêts de la majorité noire contre la minorité blanche, l’AMC avait été mis hors-la-loi en 1960. Cependant, l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud, en 1991, ne suffit à enlever cette étiquette qui colle à la peau de l’ANC et de Mandela encore pour les 17 années à venir. Jusqu’en 2008, le parti reste considéré comme une « organisation communiste souhaitant renverser le pouvoir pro-occidental sud-africain », peut-on lire dans Le Point.
Un an avant la fin de son mandat, le 28 juin 2008, George W. Bush signe une proposition de loi visant à retirer l’ANC – Mandela compris – de la blacklist : « Il n’a rien à faire sur la liste de surveillance du gouvernement, et je suis content de voir que cette proposition est effectivement devenue une loi », avait réagi John Kerry, sénateur du Massachusetts (citation reprise dans Le Monde).
Cette décision n’empêche pas que plusieurs autres membres de l’ANC restent fichés des années après.
Terroriste, pas qu’aux Etats-Unis
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à regarder l’ANC et son icône d’un mauvais œil. L’ancienne Premier ministre britannique, Margaret Thatcher, avait été pointée du doigt comme pro apartheid pour s’être opposée aux sanctions économiques de l’ONU contre l’Afrique du Sud.
Plusieurs déclarations, reprises dans cet article du Monde, démontrent la mésestime de Thatcher envers le parti sud-africain : en 1987, elle le qualifie d’« organisation terroriste typique » en assurant que « Quiconque pense que l’ANC gouvernera en Afrique su Sud n’a pas les pieds sur terre. ». Quelques années plus tôt, le député conservateur Teddy Taylor avait été jusqu’à dire que « Nelson Mandela devrait être fusillé ».
Comme l’explique cet article de la RTBF, la relation de Thatcher avec l’apartheid était plus ambiguë et controversée qu’il n’y paraît. Six ans après une première rencontre informelle avec l’ex-premier Ministre britannique, Mandela est officiellement convié en Grande-Bretagne, en 1996.
Après l’annonce de la mort de Madiba, en 2013, le Premier ministre britannique et membre du parti conservateur, David Cameron, lui a rendu hommage en tweetant : « Un grand homme a quitté ce monde. Nelson Mandela était un héros de notre époque. J’ai demandé à ce que le drapeau du 10, Downing Street soit en berne. » (citation reprise dans Le Monde).
Cet article de Radio Canada révèle aussi que, en France, Jean-Marie Le Pen ne croyait pas aux intentions de Mandela. Lors de la libération de ce dernier, en 1990, l’ex président du Front national aurait déclaré : « Cela ne m’a ni ému ni ravi. J’ai toujours une espèce de méfiance envers les terroristes, quel que soit le niveau auquel ils se situent ».
Et même, par son propre garde du corps…
Ceux qui voyaient le Père de la nation arc-en-ciel comme un terroriste n’étaient pas forcément éloignés de l’ex premier président : en témoigne son chef de sécurité, Rory Steyn.
Avant d’assurer la sécurité de Mandela, de 1994 à 1999, Rory Steyn avait grandi en tant qu’homme blanc en plein apartheid. Sa vie change lorsque, du jour au lendemain, on lui demande d’être prêt à sacrifier sa vie pour celle d’un homme noir.
« Avant qu’il ne devienne président, je ne croyais pas du tout à son discours. Il disait que l’Afrique du Sud était pour tous les citoyens qu’ils soient noirs ou blancs. Moi, je le prenais pour un terroriste qui allait conduire le pays vers la guerre civile« .