26 juillet 2024

Taïwan a perdu ses relations diplomatiques officielles au profit de la Chine après que le Honduras a établi des liens avec ce dernier

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Honduras Foreign Minister Eduardo Enrique Reina (L) and Chinese Foreign Minister Qin Gang shake hands following the establishment of diplomatic relations between the two countries, at a ceremony in the Diaoyutai State Guesthouse in Beijing on March 26, 2023. (Photo by GREG BAKER / AFP)

Le Honduras a annoncé qu’il rompait ses liens avec l’île de Taïwan, condition indispensable pour s’allier avec Pékin qui, au nom du principe « une seule Chine », ne permet pas aux pays étrangers de maintenir des liens diplomatiques avec Taipei.

Les ministres des affaires étrangères du Honduras et de la Chine, Eduardo Enrique Reina (à gauche) et Qin Gang, se serrent la main après l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, lors d’une cérémonie à Pékin, le 26 mars 2023.
Les ministres des affaires étrangères du Honduras et de la Chine, Eduardo Enrique Reina (à gauche) et Qin Gang, se serrent la main après l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays, lors d’une cérémonie à Pékin, le 26 mars 2023.  GREG BAKER / AFP

L’union est maintenant officielle. « La Chine et le Honduras viennent d’établir des relations diplomatiques »a tweeté, dimanche 26 mars, Hua Chunying, une porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois. Elle accompagne son court message d’une photo du ministre des affaires étrangères chinois, Qin Gang, serrant la main à son homologue hondurien Eduardo Enrique Reina, actuellement à Pékin. « Il s’agit d’un choix judicieux, conforme à la tendance actuelle », s’est félicité le ministère des affaires étrangères chinois.

Dommage collatéral de cette alliance : Taïwan disparaît des radars diplomatiques du Honduras, un revirement amorcé depuis plusieurs jours et confirmé samedi par Tegucigalpa, quelques heures avant l’annonce de Pékin.

Eduardo Enrique Reina, « sur instruction de la présidente de la République [Xiomara Castro], a communiqué à Taïwan la décision de rompre les relations diplomatiques [entre les deux territoires] », déclarait un communiqué du ministère des affaires étrangères. Cette annonce était faite deux jours après le début de la visite à Pékin de M. Reina, appuyée par Mme Castro, afin de discuter de l’établissement de liens diplomatiques bilatéraux.

Sur son compte Twitter, Xiomara Castro avait déjà annoncé, le 14 mars, avoir demandé à Enrique Reina de nouer des relations « officielles » avec la Chine.

Pékin estime que l’île de Taïwan, peuplée de 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise. Le conflit, qui s’est achevé en 1949, a opposé les communistes (qui ont finalement pris le pouvoir en Chine continentale) à l’armée nationaliste (contrainte de se replier sur l’île). En sept décennies, l’armée communiste n’a pas pu conquérir l’île, laquelle est restée sous le contrôle du régime qui gouvernait autrefois toute la Chine mais ne gouverne plus aujourd’hui que Taïwan. Au nom de son principe « une seule Chine », Pékin ne permet pas aux pays étrangers d’entretenir des relations diplomatiques avec Taipei.

Le Honduras se fait « des illusions sur la Chine »

« Le gouvernement de la République du Honduras reconnaît l’existence d’une seule Chine dans le monde, et que le gouvernement de la République populaire de Chine est le seul gouvernement légitime à représenter toute la Chine », dit le communiqué commun signé par Eduardo Enrique Reina et Qin Gang. « Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois », poursuit le texte, qui précise que le Honduras s’engage, à partir de ce jour, à « ne plus avoir de relation ou de contact à caractère officiel [avec Taïwan] ».

En réaction, Taipei a accusé la Chine de faire pression sur ses alliés de moins en moins nombreux pour qu’ils rejoignent le camp de Pékin. « La rupture des relations diplomatiques entre notre pays et le Honduras s’inscrit dans une série de coercitions et d’intimidations de la part de la Chine », a déclaré le bureau de la présidente, Tsai Ing-wen, dans un communiqué. « La Chine réduit la place de [Taïwan] sur la scène internationale depuis longtemps, mettant en danger la paix et la stabilité régionales de manière unilatérale. »

M. Reina avait invoqué le 15 mars « les besoins énormes » du Honduras et le refus de Taïwan d’augmenter son aide pour justifier la volonté d’instaurer des relations avec Pékin. Récemment élue, Xiomara Castro avait promis, lors de sa campagne électorale, de reconnaître la République populaire de Chine.

« La présidente Castro et son équipe dirigeante se font des illusions sur la Chine et ont soulevé la question du changement de reconnaissance lors de la campagne électorale », a déclaré le ministre des affaires étrangères de Taïwan, Joseph Wu. « La Chine n’a pas cessé de tenter d’attirer le Honduras avec des incitations financières », a-t-il déploré lors d’une conférence de presse.

Liens informels solides avec plus de cent pays

Les relations entre Pékin et Taipei se sont envenimées depuis l’élection, en 2016, à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-wen − réélue en 2020 −, issue d’un parti traditionnellement favorable à une déclaration formelle d’indépendance de l’île, une ligne rouge absolue pour le gouvernement chinois, qui menace d’intervenir militairement pour empêcher un tel scénario.

Depuis, Pékin cherche à isoler diplomatiquement Taïwan, et a arraché à Taipei la reconnaissance diplomatique de huit pays, dont plusieurs alliés latino-américains comme la République dominicaine ou encore le Nicaragua.

Sur Twitter, la porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois s’est félicitée de la décision du Honduras, rappelant qu’avec ce revirement il ne restait que treize pays à reconnaître officiellement Taïwan, contre 182 qui reconnaissent la Chine indivisible.

« 182 à 13 : c’est ainsi que l’opinion mondiale s’oriente. C’est là que l’arc de l’histoire s’infléchit », est-il écrit.

Taïwan a toujours des liens officiels notamment avec le Belize, le Paraguay et le Guatemala en Amérique latine, et le Vatican. La plupart de ses partenaires restants sont des nations insulaires des Caraïbes et du Pacifique Sud, ainsi qu’Eswatini en Afrique australe.

Malgré la campagne d’isolement diplomatique menée par la Chine, Taipei a toutefois noué des partenariats à l’international via d’autres canaux, et conserve des liens informels solides avec plus de cent autres pays, principalement les Etats-Unis. Washington n’a pas de relations diplomatiques avec Taïwan mais soutient que Taipei est un partenaire important dans l’Indo-Pacifique.

Ces dernières années, plusieurs délégations de parlementaires ou ministres occidentaux se sont ainsi rendues sur l’île, malgré l’absence de relations diplomatiques entre leurs pays respectifs et Taïwan.

Le Monde, Haïti Premier avec AFP

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