Les non-dits des enquêteurs de l’ONU : affaire, corruption, trafic d’influence et PetroCaribe en Haïti
5 min readDans le récent rapport des enquêteurs de l’ONU, des allégations ont été faites concernant les fonds alloués et la démission de M. Lamothe en 2014.
Cependant, il est essentiel d’examiner certains faits préalables pour comprendre la vérité derrière ces déclarations.
Dans le rapport, les experts mentionnent que M. Lamothe, en tant qu’ordonnateur principal des fonds, a autorisé des montants considérables pour divers projets.
Cependant, il est crucial de noter que ces fonds étaient gérés par le BMPAD sous la tutelle du ministre des Finances, en toute autonomie, avec des allocations aux projets sous la direction du président de la République, Michel Joseph Martelly, qui dirigeait le conseil des ministres.
Les enquêteurs évoquent la démission de Lamothe, qu’ils associent aux manifestations nationales contre la corruption.
Cependant, il est important de clarifier que la tension entre Michel Martelly et Laurent Lamothe a débuté bien avant. Elle a commencé lorsque Lamothe a ordonné l’arrestation de Woodly Ethéard, également connu sous le nom de Sonson Lafamilia, chef du gang Galil. Cette arrestation a été immédiatement annulée sur l’ordre du ministre de la Justice, Jean Renel Sanon, sous l’influence du président Martelly. Sonson Lafamilia était un criminel notoire impliqué dans des activités criminelles depuis longtemps, y compris le trafic de drogue pour Martelly.
Pour évincer Laurent Lamothe, Michel Martelly et Reginald Boulos ont mis en place une commission consultative, dont Evens Paul est devenu membre influencé par Boulos. Cette commission a joué un rôle dans la démission de Lamothe en décembre 2014. En échange, Boulos a bénéficié de contrats, dont les 72 mini-bus mentionnés, payés par le fonds petrocaribe. C’est à partir de ce moment que Martelly a continué à former des groupes de gang à travers le pays.
Il est important de prendre en compte ces éléments pour comprendre les véritables raisons derrière les événements mentionnés dans le rapport de l’ONU. Dans ce même rapport, à la page 155, il est à noter que les enquêteurs ont omis de mentionner certains gouvernements. Ils ont concentré leur attention sur le gouvernement Préval/Bellerive, en poste de novembre 2009 à mai 2011, soit pendant 18 mois, qui a alloué un montant considérable de 348 240 830 dollars américains. Toutefois, il est important de souligner que d’autres gouvernements précédents méritent également une attention particulière. Le gouvernement Préval/Pierre Louis, au pouvoir de novembre 2008 à octobre 2009, soit pendant 13 mois, a alloué un montant de 197 500 000 dollars américains. De même, le gouvernement Martelly/Conille, en fonction de novembre 2011 à mai 2012, couvrant une période de 6 mois, a débloqué un montant significatif de 210 303 222 dollars américains.
Toutefois, il est essentiel de se demander si d’anciens ministres comme Laurent Lamothe bénéficient d’une quelconque protection de la part du Canada, des États-Unis et de l’ONU, qui pourraient expliquer pourquoi ces gouvernements précédents n’ont pas été examinés dans le rapport malgré leur implication dans l’allocation de sommes importantes, totalisant 756 044 052 dollars américains.
Par ailleurs Laurent Lamothe adressée au Panel d’experts des Nations Unies sur Haïti, datée du 15 août 2023. Dans cette lettre, Laurent Lamothe répond aux allégations portées contre lui en relation avec la gestion du Fonds PetroCaribe entre mai 2012 et décembre 2014. Il présente des preuves justifiant son innocence et conteste les accusations qui, selon lui, sont politiquement motivées.
Laurent Lamothe commence par remercier le Panel d’experts pour l’opportunité de répondre aux allégations et souligne que ces allégations sont sans fondement et sans preuves, fabriquées par ses détracteurs.
Il évoque ensuite les audits et enquêtes officiels sur le Fonds PetroCaribe, réalisés par la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA). Ces audits n’ont trouvé aucune preuve de fraude ou de détournement de fonds publics pendant son mandat. De plus, il mentionne une lettre du gouvernement vénézuélien exprimant sa satisfaction quant à la transparence dans la gestion du programme PetroCaribe sous son administration.
Laurent Lamothe précise que, en tant que ministre, il n’était pas l’ordonnateur principal du Fonds PetroCaribe, et que chaque ministre avait des responsabilités administratives et financières distinctes. Il rappelle que le pouvoir judiciaire haïtien a statué en sa faveur.
Il explique également la réaffectation des fonds après son départ du gouvernement et les conséquences de cette décision sur les projets en cours.
L’ancien Premier Ministre affirme qu’il n’a jamais été impliqué dans le financement de gangs en Haïti et présente un compte rendu de ses réalisations pendant son mandat.
Laurent Lamothe évoque ensuite les sanctions du Canada et des États-Unis à son encontre, affirmant que ces sanctions sont injustifiées. Il mentionne des appels pour une enquête sérieuse sur l’assassinat du Président d’Haïti et la création d’un tribunal international spécial.
Laurent Lamothe demande au Panel de protéger son mandat et son indépendance, de prendre en compte les preuves qu’il a fournies, et de recommander au Comité du Conseil de sécurité de le retirer de la liste des personnes d’intérêt.
La lettre de Laurent Lamothe soulève des questions sur les motivations derrière les sanctions et les allégations portées contre lui, ainsi que sur la nécessité de préserver l’indépendance du Panel d’experts des Nations Unies dans de telles affaires.
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