Theriel Thelus et le théorème de Calimero
8 min readJ’aimerais ce matin me mettre à parler de dignité, d’empathie, de respect de la personne humaine, des droits de la femme, de considérations morales, etc. Mais je ne le puis…
J’aimerais pouvoir crier, « gueuler », mais les séquelles de mon trop long silence me handicapent la voix. J’ai vu, comme vous tous, tellement de choses que je ne pensais pas pouvoir un jour repenser ma compréhension de l’inacceptable, repoussant toujours plus loin le seuil de tolérance. J’ai vu des atrocités dont la simple imagination m’empoisonnait l’esprit et annihilait le peu de courage qui me restait, avant que, quelque part je ne trouve la force de rouvrir les yeux pour voir au-delà. J’ai détourné, sans le vouloir, les yeux de choses que je ne pouvais pas nommer car innommables, que je ne pouvais pas décrire car indescriptibles.
Cela dit, l’audace de ceux-là qui se font appeler « maitre » de l’opinion publique ne cessera jamais de me surprendre. En fait, la race humaine ne cesse de m’étonner à chaque fois, elle a cette facilité de se métamorphoser lorsque cela leur arrange, jusqu’à devenir somnambule. Dire que je vais être obligée de citer un nom pour lequel mon admiration fut de très courte durée, quelqu’un qui se fait appeler journaliste et admiré par ses pairs, Theriel Thelus, un humain-monstre.
On m’a appris que chaque personne était responsable de ses propres choix, de ses actes, qu’ils soient bons ou mauvais. Et à cette personne d’assumer ses choix et ses conséquences, que ceux-ci soient ou non en concordance avec les valeurs que nous défendons – ou prétendons défendre -. Comment comprendre qu’en ces temps sombres à tellement d’égards, Le respect de la dignité de la personne humaine, soit telle une épée de Damoclès suspendue dans le vide sur la tête d’une malheureuse elle-même suspendue dans le vide ?
Je pense avoir le droit de me référer à quelques principes fondamentaux de ces même droits de l’Homme que nous défendons bec et ongle, en défendant, cette fois, le principe de primauté de la personne, celui de se réveiller sans avoir à demander pardon au bourreau qui nous a fait mal, ou à une société immature par rapport aux actes d’agressassions que nous subissons à longueur de journée, une société qui nous juge un peu trop vite avant de nous entendre, car pour elle, c’est naturel que l’on soit provocatrice et facile à manipuler.
C’est un fait établi, il y a un moment, Theriel Thelus, journaliste, analyste politique si on veut, est un obsédé sexuel doublé d’un mythomane. Derrière ses attaques contre Madame Durandis au nom de la vertu, se cache un grand prédateur sexuel. Les messages publiés par la victime et l’intégralité de la conversation confirment l’authenticité des faits. Le numéro de téléphone qui s’affiche sur le portable de la victime est bel et bien celui de Theriel Thelus. Ce forfait ne doit pas rester impuni. C’est une atteinte à l’honneur et à la dignité de la personne. Mais dans cet acte tant regretté d’ailleurs, ce qui m’accable plus, c’est surtout l’indifférence de chacun de nous, et la façon dont nous banalisons ce malheureux phénomène en vogue.
Je crois fermement que les organisations en tous genres et la société civile doivent s’emparer de cette lutte contre le harcèlement, qu’il soit physique ou moral, quand bien même cela ne les dérangerait pas tant que leurs proches ou eux-mêmes n’en aient pas été victimes. Ces actes sont trop longtemps banalisés, je dis bien, banalisés, comme s’ils étaient des façons de communiquer spécifiques entre deux adultes qui se respectent, ces comportements sont en réalité de la violence et de la persécution.
C’est un processus destructif, constitué d’un enchaînement de propos et d’agissements hostiles qui, pris isolément, pourraient sembler anodins, mais dont la répétition et le caractère synergique produisent des effets destructeurs qui finissent par briser psychologiquement la personne qui a été la cible du harcèlement.
Mais non, là encore vous allez me dire que ce n’est rien, que la faute revient aux femmes, car elles ne savent pas se tenir, du moins, que les femmes n’ont pas été créées pour avoir du consentement, ou pour être perçues comme étant des êtres supérieurs comme vous qui, dans une classification inhumainement acceptable, a un rang considéré comme très élevé.
Le fait est, les femmes n’ont pas le droit de naître, car le destin qui attend beaucoup d’entre elles est loin d’être alléchant. Et si elles ont le malheur de naître, et de braver l’ensemble des obstacles – et Dieu qu’ils sont nombreux, elles n’ont pas le droit de jouir du fruit de leur labeur. Les femmes sont toujours responsables des oppressions qu’elles subissent, de tous ces différents harcèlements auxquels elles font face quotidiennement, on aurait dit que ce sont tous là des préceptes sacrés, -des préceptes supposés intangibles. Chers compagnons d’infortune, l’eau qui, voilà déjà fort longtemps, a débordé du vase a emporté avec elle le peu qu’il nous restait, de dignité, de tolérance, de moralité et de pudeur. Aujourd’hui encore on le vit avec le très-mal aimé de ceux-là qui se battent encore au nom de la moralité et des valeurs devant constituteur le socle pour refonder ce qu’il nous reste de société, de pays…
Malheureusement, le constat est, la poche de moralité est trouée. Theriel Thelus, journaliste, analyste politique qui plus est, a été pris en flagrant délit de harcèlement d’une jeune femme, et pourtant sans gêne, il se pose en victime, en utilisanr son statut d’influenceur, son pouvoir journalistique, son micro, pour faire taire et intimider ses victimes.
Ses astuces, les unes plus audacieuses que les autres, pour manipuler l’opinion et faire de ses victimes des bourreaux Dans cette conversation WhatsApp rendue publique par la victime, le journaliste est devenu plus apprécié après son acte par plus d’un, alors, par ses semblables, il harcèle, de ses assiduités, une jeune femme, en apparence une professionnelle, une femme qui s’est pliée aux critères d’éligibilité imposés par la société,-permettez que je vous rappelle que personne ne devait avoir à subir ces actes illicites, une société qui tente aujourd’hui de la rejeter par tous les moyens, au bénéfice de son bourreau. Elle avait juste souhaité que cela cesse tout simplement. Ce n’était quand même pas trop demandé !
Madame Durandis, fanm zile a, a bel et bien été sexuellement harcelée par Theriel Thelus. Elle a eu le courage de dénoncer son bourreau devant le tribunal d’une société inerte et indifférente aux femmes victimes d’agression sexuelle. Sans surprise, des amis du vrai bourreau Theriel Thelus, certains de ses sbires virtuels, ont organisé une campagne de dénigrement à l’encontre de la vraie victime, Madame Durandis. La plus grande surprise, cependant, est quand Daly Valet, un journaliste qui a, à un certain moment de la durée, jouit d’un certain respect dans la société, décidé de ridiculiser la victime parce qu’elle a osé dénoncer un homme fort. Dire que j’ai été stupéfaite de cette réaction. Cette situation me ramène à la réflexion que dans ce genre de situation, l’harceleur n’est pas le seul à blâmer puisque les témoins ont aussi un rôle à jouer : ils trouvent toujours que ce n’est pas grave, c’est presque entré dans les mœurs de ne pas venir en aide à une victime. Comme a dit Brigitte Lamouri, « On se doit de lutter contre la banalisation de cet acte. »
Comment peut-on être victime et bourreau en même temps d’un acte subi ? Pourquoi faut-il toujours que l’on soit victime de notre sexe ? Victime du fait que l’on soit femme ? Cette lecture de ces questionnements ambigus, m’a en effet fait penser au « théorème de Calimero » pour parler de ceux-là qui sont toujours présent à blâmer le monde extérieur de tous leurs maux et fautes, sans tenir compte de leur part de responsabilité.
Se poser en victime, mais aussi, insidieusement, à récupérer de l’intérêt et de l’énergie en culpabilisant les autres… en usant soit de leur force ou de leur position pour torturer leurs victimes, car contrairement aux idées reçues, le but réel de cette torture mise en œuvre par le bourreau n’est assurément pas de faire parler, mais pour faire taire et l’individu que l’on a torturé devient toujours un sujet isolé, un sujet qui se met à part au sein des groupes d’appartenance.
Et comme pour encore plus banaliser l’acte, cette atteinte flagrante à la dignité de la personne humaine n’aura finalement ébranlé que les yeux. J’ai vu ce que vous avez tous vu, j’ai secoué la tête, rien de nouveau me dira-t-on ; rien de nouveau effectivement, et c’est ça le plus dramatique.
Je n’oserai pas parler de l’inacceptable, car moi-même j’en ai perdu la notion. Je sais seulement qu’après tout ce que nous avons accepté au fil des ans, nous avons l’air d’être prêts à accepter que le château s’effondre sur lui-même, à coups de burins sur nos crânes désorientés et liquéfiés.
Je rêve d’une société où la réussite de celle-ci passe par celle des femmes, une société où les femmes savent ce qu’elles valent et veulent, un cadre dans lequel elles ne seront pas intimidées par des pans de murs fissurés, sur le déclin, qui cachent un horizon tellement prometteur.
Je rêve d’une société où un Theriel Thelus ne serait pas vénéré après cet acte ô combien abject, mais méprisé et marginalisé. Je rêve d’une société d’un autre temps, d’un temps nouveau, entre la sagesse et le principe du respect de la dignité de la personne humaine et le génie de la projection dans l’avenir.
Car de deux choses l’une, soit nous faisons l’éloge de droits et libertés sans base solide – ou pas du tout – effectifs, soit nous parvenons, au moyen des décisions et sacrifices indispensables, à la mise en place d’un réel cadre de réalisation. Mais après tout, qu’est-ce que j’en sais ?
Élodie Séraphin
Sociologue