Un explicatif sur ce qui a conduit aux interventions russes en Abkhazie et en Ossétie du Sud en 2008 et en Crimée et au Donbass en 2014.
Publié le 22 févr.
Le prĂ©sident russe Vladimir Poutine a reconnu lundi les rĂ©gions sĂ©paratistes ukrainiennes de Donetsk et Lougansk, attirant la condamnation de l’Occident qui craint que Moscou ne prĂ©voie d’envahir son voisin occidental.
La Russie a amassĂ© des dizaines de milliers de soldats aux frontières avec l’Ukraine et a effectuĂ© des exercices militaires en BiĂ©lorussie voisine – un alliĂ© russe clĂ© depuis des dĂ©cennies. Moscou a maintenu qu’elle ne cherchait pas la guerre, mais a exigĂ© que Kiev ne se voient pas accorder l’adhĂ©sion Ă l’alliance militaire de l’OTAN.
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La dernière dĂ©cision de Poutine a dĂ©clenchĂ© des sanctions occidentales et alimentĂ© les craintes d’une escalade majeure.
Moscou a été impliqué militairement dans un certain nombre de pays de la région et au-delà au cours des dernières décennies.
Voici un bref exposé sur ce qui a conduit aux interventions russes dans Donetsk et Lougansk, qui font partie de la région ukrainienne du Donbass, et en Crimée en 2014 et en Abkhazie et en Ossétie du Sud (régions séparatistes en Géorgie) en 2008.
Crimée et Donbass
La crise qui a conduit Ă l’annexion de la CrimĂ©e par l’Ukraine et Ă la guerre dans l’est de l’Ukraine s’est produite principalement en raison d’un conflit interne.
En novembre 2013, le prĂ©sident ukrainien pro-russie Viktor Ianoukovitch a rejetĂ© un accord avec l’Union europĂ©enne qui Ă©tait considĂ©rĂ© comme un premier pas vers un membre Ă part entière du bloc.
Cette dĂ©cision a suscitĂ© des manifestations de masse, qui ont conduit Ă des affrontements entre les forces de sĂ©curitĂ© et les manifestants, alors que Ianoukovitch tentait d’arrĂŞter violemment le mouvement.
Au cours des manifestations antigouvernementales, connues sous le nom de mouvement MaĂŻdan, des dizaines de personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es. Moscou se tenait derrière Ianoukovitch, tandis que l’Occident soutenait les manifestants.
Ianoukovitch a fui le pays en février 2014 après des jours de protestation.

Au cours de la mĂŞme pĂ©riode, Moscou a menĂ© des exercices militaires Ă sa frontière avec l’Ukraine et Ă la base russe de la mer Noire près de la pĂ©ninsule de CrimĂ©e.
Pendant ce temps, des hommes armĂ©s sans insigne sur leurs uniformes, portant principalement des masques, ont commencĂ© Ă s’emparer des bâtiments gouvernementaux en CrimĂ©e.
Le Kremlin a rejeté toute affiliation avec eux et a défini les assaillants comme un mouvement local.
Dans la chaĂ®ne des Ă©vĂ©nements qui a suivi la chute du parlement de CrimĂ©e par les forces pro-russes fin fĂ©vrier, un nouveau gouvernement a Ă©tĂ© formĂ© de personnalitĂ©s pro-russes et un rĂ©fĂ©rendum a eu lieu sur l’avenir de la CrimĂ©e en mars.
Environ 95 % des Ă©lecteurs de CrimĂ©e Ă©taient favorables Ă l’adhĂ©sion Ă la Russie, selon le nouveau gouvernement Ă l’Ă©poque qui tenait le rĂ©fĂ©rendum contestĂ©. Le 18 mars, la Russie a officiellement annexĂ© la CrimĂ©e.
Après la prise de contrĂ´le de la CrimĂ©e par la Russie, des manifestants pro-russes sont descendus dans la rue dans les rĂ©gions de Donetsk et de Lougansk, qui font partie du Donbass, ciblant et envahissant les institutions de l’État dĂ©but avril, exigeant que les rĂ©gions fassent partie de la Russie.
Par la suite, des soldats armĂ©s sans insigne ont continuĂ© Ă cibler les institutions de l’État et les forces de sĂ©curitĂ©. Les sĂ©paratistes ont commencĂ© Ă s’emparer du territoire dans certaines parties de la rĂ©gion du Donbass.
Ils ont dĂ©clarĂ© leur indĂ©pendance dans les rĂ©gions de Donetsk et de Lougansk, en commençant une guerre, avec le soutien apparent de la Russie, contre l’armĂ©e ukrainienne. Au moins 14 000 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es dans des combats entre les rebelles et les forces ukrainiennes.
Abkhazie et Ossétie du Sud
L’opĂ©ration militaire de la Russie dans les deux rĂ©gions gĂ©orgiennes en 2008 dĂ©coulait principalement de l’arrivĂ©e au pouvoir du prĂ©sident MikhaĂŻl Saakachvili en 2004 avec la rĂ©volution des roses en GĂ©orgie, renversant l’ancien dirigeant soviĂ©tique Edouard Chevardnadze.
Saakachvili a considĂ©rablement changĂ© les anciennes politiques de son pays, dĂ©sireux que son pays devienne membre de l’Union europĂ©enne et de l’OTAN.
Il a Ă©galement modifiĂ© la politique de Tbilissi envers les rĂ©gions gĂ©orgiennes d’OssĂ©tie du Sud et d’Abkhazie, qui sont toutes deux restĂ©es pro-Russie après la chute de l’Union soviĂ©tique. Les politiques du gouvernement saakachvili visant Ă intĂ©grer les deux rĂ©gions ont parfois conduit Ă la violence.
Le vote unanime du parlement gĂ©orgien en faveur d’un projet de loi visant Ă intĂ©grer la GĂ©orgie Ă l’OTAN en septembre 2006 a entraĂ®nĂ© une augmentation des tensions entre la GĂ©orgie et la Russie.
Moscou, traditionnellement opposĂ©e Ă toute expansion occidentale Ă sa pĂ©riphĂ©rie, a ripostĂ© au gouvernement de Tbilissi en imposant des sanctions et en dĂ©portant des centaines de GĂ©orgiens du pays. La GĂ©orgie a arrĂŞtĂ© quatre officiers de l’armĂ©e russe pour espionnage fin septembre.
Après la dĂ©claration de l’indĂ©pendance du Kosovo par rapport Ă la Serbie en fĂ©vrier 2008, une mesure fermement opposĂ©e Ă Moscou, la Russie a pris des mesures pour renforcer ses liens avec l’OssĂ©tie du Sud et l’Abkhazie, y compris une aide Ă©conomique accrue et un soutien diplomatique.
Alors que les escarmouches se poursuivaient dans les rĂ©gions et après des mois d’accusations mutuelles et de provocations, la GĂ©orgie a menĂ© une opĂ©ration militaire pour s’emparer de la capitale ossète mĂ©ridionale, Tskhinvali, en aoĂ»t 2008.
La Russie a rĂ©agi par des raids aĂ©riens sur les positions gĂ©orgiennes en OssĂ©tie du Sud, ainsi qu’en Abkhazie, et a ensuite dĂ©placĂ© des troupes dans les rĂ©gions pendant le conflit de cinq jours.
Les forces russes ont rapidement pris le contrĂ´le de Tskhinvali et ont roulĂ© des chars et des troupes Ă travers l’OssĂ©tie en GĂ©orgie, s’arrĂŞtant apparemment Ă seulement quelques dizaines de kilomètres de Tbilissi.
Un cessez-le-feu a été conclu le 12 août.