🔴Suivez l’argent : comment la Russie va contourner la guerre économique occidentale (The Cradle) #UkraineRussiaWar #UkraineWar

Les États-Unis et l’Union européenne vont trop loin dans leurs sanctions contre la Russie. Le résultat final pourrait être la dédollarisation de l’économie mondiale et des pénuries massives de matières premières dans le monde entier.

Ainsi, une congrĂ©gation de hauts gradĂ©s de l’OTAN installĂ©s dans leurs chambres d’écho ciblent la banque centrale russe avec des sanctions et s’attendent Ă  quoi ? Des biscuits ?

Au lieu de cela, les forces de dissuasion russes sont passées à un « régime spécial de service », ce qui signifie que les flottes du Nord et du Pacifique, le commandement de l’aviation à long rayon d’action, les bombardiers stratégiques et l’ensemble de l’appareil nucléaire russe sont en alerte maximale.

Un général du Pentagone a très vite fait le calcul élémentaire et, quelques minutes plus tard, une délégation ukrainienne a été envoyée pour mener des négociations avec la Russie dans un lieu tenu secret à Gomel, au Belarus.

Pendant ce temps, dans les royaumes vassaux, le gouvernement allemand Ă©tait occupĂ© Ă  « fixer des limites aux bellicistes comme Poutine » – une entreprise assez audacieuse si l’on considère que Berlin n’a jamais fixĂ© de telles limites aux bellicistes occidentaux qui ont bombardĂ© la Yougoslavie, envahi l’Irak ou dĂ©truit la Libye en totale violation du droit international.

Tout en proclamant ouvertement leur dĂ©sir de « stopper le dĂ©veloppement de l’industrie russe », d’endommager son Ă©conomie et de « ruiner la Russie » – faisant Ă©cho aux Ă©dits amĂ©ricains sur l’Irak, l’Iran, la Syrie, la Libye, Cuba, le Venezuela et d’autres pays du Sud – les Allemands ne pouvaient pas reconnaĂ®tre un nouvel impĂ©ratif catĂ©gorique.

Ils ont finalement Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s de leur complexe de culpabilitĂ© de la Seconde Guerre mondiale par nul autre que le prĂ©sident russe Vladimir Poutine. L’Allemagne est enfin libre de soutenir et d’armer les nĂ©o-nazis au grand jour – maintenant de la variĂ©tĂ© du bataillon ukrainien Azov.

Pour comprendre comment ces sanctions de l’OTAN vont « ruiner la Russie », j’ai demandĂ© l’analyse succincte de l’un des esprits Ă©conomiques les plus compĂ©tents de la planète, Michael Hudson, auteur, entre autres, d’une Ă©dition rĂ©visĂ©e de l’incontournable Super-Imperialism : The Economic Strategy of American Empire.

Hudson a fait remarquer qu’il était « tout simplement abasourdi par l’escalade quasi atomique des États-Unis ». En ce qui concerne la confiscation des réserves étrangères russes et la coupure de SWIFT, le point principal est que « la Russie mettra un certain temps à mettre en place un nouveau système, avec la Chine. Le résultat mettra définitivement fin à la dollarisation, car les pays menacés par la ’démocratie’ ou affichant leur indépendance diplomatique auront peur d’utiliser les banques américaines. »

Ceci, selon Hudson, nous amène Ă  « la grande question : si l’Europe et le bloc dollar peuvent acheter des matières premières russes – cobalt, palladium, etc, et si la Chine se joindra Ă  la Russie dans un boycott des minĂ©raux. »

Hudson est catĂ©gorique :

« La Banque centrale de Russie dispose bien sûr d’actifs bancaires étrangers afin d’intervenir sur les marchés des changes pour défendre sa monnaie contre les fluctuations. Le rouble a plongé. Il y aura de nouveaux taux de change. Mais c’est à la Russie de décider si elle doit vendre son blé à l’Asie occidentale, qui en a besoin, ou arrêter de vendre du gaz à l’Europe via l’Ukraine, maintenant que les États-Unis peuvent s’en emparer. »

Ă€ propos de l’introduction Ă©ventuelle d’un nouveau système de paiement Russie-Chine contournant SWIFT et combinant le SPFS (système de transfert de messages financiers) russe et le CIPS (système de paiement interbancaire transfrontalier) chinois, M. Hudson ne doute pas que « le système Russie-Chine sera mis en Ĺ“uvre. Les pays du Sud chercheront Ă  adhĂ©rer et en mĂŞme temps Ă  conserver SWIFT – en transfĂ©rant leurs rĂ©serves dans le nouveau système. »

Je vais me dédollariser

Ainsi, les États-Unis eux-mêmes, dans une autre bévue stratégique massive, vont accélérer la dédollarisation. Comme l’a déclaré Hong Hao, directeur général de Bocom International, au Global Times, la dédollarisation des échanges énergétiques entre l’Europe et la Russie « marquera le début de la désintégration de l’hégémonie du dollar. »

C’est un refrain que l’administration américaine a entendu discrètement la semaine dernière de la part de certaines de ses propres plus grandes banques multinationales, dont des notables comme JPMorgan et Citigroup.

Un article de Bloomberg rĂ©sume leurs craintes collectives :

« L’exclusion de la Russie du système mondial critique – qui traite 42 millions de messages par jour et sert de lien vital Ă  certaines des plus grandes institutions financières du monde – pourrait se retourner contre nous, faire grimper l’inflation, rapprocher la Russie de la Chine et soustraire les transactions financières Ă  l’examen de l’Occident. Cela pourrait Ă©galement encourager le dĂ©veloppement d’une alternative SWIFT qui pourrait Ă  terme porter atteinte Ă  la suprĂ©matie du dollar amĂ©ricain. »

Ceux dont le QI est supĂ©rieur Ă  50 dans l’Union europĂ©enne (UE) ont dĂ» comprendre que la Russie ne pouvait tout simplement pas ĂŞtre totalement exclue de SWIFT, mais peut-ĂŞtre seulement quelques-unes de ses banques : après tout, les commerçants europĂ©ens dĂ©pendent de l’énergie russe.

Du point de vue de Moscou, c’est un problème mineur. Un certain nombre de banques russes sont déjà connectées au système CIPS de la Chine. Par exemple, si quelqu’un veut acheter du pétrole et du gaz russes avec le CIPS, le paiement doit être effectué dans la monnaie chinoise, le yuan. Le CIPS est indépendant de SWIFT.

En outre, Moscou a déjà relié son système de paiement SPFS non seulement à la Chine, mais aussi à l’Inde et aux pays membres de l’Union économique eurasienne (UEEA). Le SPFS est déjà relié à environ 400 banques.

Avec un plus grand nombre d’entreprises russes utilisant le SPFS et le CIPS, mĂŞme avant leur fusion, et d’autres manĹ“uvres pour contourner SWIFT, comme le troc – largement utilisĂ© par l’Iran sous sanctions – et les banques agents, la Russie pourrait compenser au moins 50 % des pertes commerciales.

Le fait essentiel est que la fuite du système financier occidental dominĂ© par les États-Unis est dĂ©sormais irrĂ©versible dans toute l’Eurasie – et cela se fera en tandem avec l’internationalisation du yuan.

La Russie a sa propre panoplie d’astuces

En attendant, nous ne parlons mĂŞme pas encore des reprĂ©sailles russes Ă  ces sanctions. L’ancien prĂ©sident Dmitri Medvedev a dĂ©jĂ  donnĂ© un indice : tout est sur la table, de la sortie de tous les accords d’armement nuclĂ©aire avec les États-Unis au gel des actifs des entreprises occidentales en Russie.

Que veut donc l’ »Empire du mensonge » ? (Terminologie de Poutine, lors de la rĂ©union de lundi Ă  Moscou pour discuter de la rĂ©ponse aux sanctions).

Dans un essai publiĂ© ce matin, dĂ©licieusement intitulĂ© America Defeats Germany for the Third Time in a Century : the MIC, OGAM and FIRE conquer NATO (L’AmĂ©rique inflige une dĂ©faite pour la troisième fois en un siècle : MIC, OGAM et FIRE coquièrent l’OTAN), Michael Hudson prĂ©sente une sĂ©rie de points cruciaux, Ă  commencer par la façon dont « l’OTAN est devenu l’organe de politique Ă©trangère de l’Europe, au point mĂŞme de dominer les intĂ©rĂŞts Ă©conomiques nationaux. »

Il dĂ©crit les trois oligarchies qui contrĂ´lent la politique Ă©trangère amĂ©ricaine :

La première est le complexe militaro-industriel, que Ray McGovern a baptisé de façon mémorable MICIMATT (Military Industrial Congressional Intelligence Media Academia Think tank).

Hudson définit leur base économique comme « une rente de monopole, obtenue avant tout par les ventes d’armes à l’OTAN, aux exportateurs de pétrole d’Asie occidentale et à d’autres pays dont la balance des paiements est excédentaire ».

Le deuxième secteur est celui du pétrole et du gaz, rejoint par l’exploitation minière (OGAM). Leur objectif est de

« maximiser le prix de l’énergie et des matières premières afin de maximiser la rente des ressources naturelles. Monopoliser le marché pétrolier de la zone dollar et l’isoler du pétrole et du gaz russes est une priorité majeure des États-Unis depuis plus d’un an, alors que le gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne menaçait de relier les économies ouest-européenne et russe. »

Le troisième est le secteur « symbiotique » de la finance, de l’assurance et de l’immobilier (FIRE), que Hudson définit comme « le pendant de l’ancienne aristocratie foncière post-féodale européenne vivant de la rente foncière. »

Alors qu’il décrit ces trois secteurs rentiers qui dominent complètement le capitalisme financier post-industriel au cœur du système occidental, Hudson note comment « Wall Street a toujours été étroitement fusionnée avec l’industrie pétrolière et gazière (à savoir les conglomérats bancaires Citigroup et Chase Manhattan). »

Hudson montre comment « l’objectif stratégique américain le plus urgent de la confrontation de l’OTAN avec la Russie est la flambée des prix du pétrole et du gaz. En plus de créer des profits et des gains boursiers pour les entreprises américaines, les prix plus élevés de l’énergie vont enlever une grande partie du dynamisme de l’économie allemande. »

Il met en garde contre la hausse des prix des denrĂ©es alimentaires « avec en tĂŞte le blé ». (La Russie et l’Ukraine reprĂ©sentent 25 % des exportations mondiales de blĂ©.) Du point de vue du Sud, c’est une catastrophe : « Cela mettra sous pression de nombreux pays d’Asie de l’Ouest et du Sud souffrant de carences alimentaires, aggravant leur balance des paiements et menaçant de faire dĂ©faut sur leur dette extĂ©rieure. »

Quant au blocage des exportations de matières premières russes, « cela menace de provoquer des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement de matériaux clés, notamment le cobalt, le palladium, le nickel, l’aluminium. »

Et cela nous conduit, une fois de plus, au cĹ“ur du sujet : « Le rĂŞve Ă  long terme des nouveaux guerriers froids amĂ©ricains est de briser la Russie, ou du moins de restaurer sa kleptocratie managĂ©riale qui cherche Ă  profiter de leurs privatisations sur les marchĂ©s boursiers occidentaux. »

Cela n’arrivera pas. Hudson voit clairement comment « la plus énorme conséquence involontaire de la politique étrangère américaine a été de rapprocher la Russie et la Chine, ainsi que l’Iran, l’Asie centrale et les pays situés le long de l’initiative Belt and Road. »

Confisquons un peu de technologie

Comparez maintenant tout ce qui précède avec la perspective d’un magnat des affaires d’Europe centrale ayant de vastes intérêts, à l’est comme à l’ouest, et qui chérit sa discrétion.

Dans un Ă©change de courriels, ce magnat des affaires a posĂ© de sĂ©rieuses questions sur le soutien de la Banque centrale russe Ă  sa monnaie nationale, le rouble, « qui, selon les plans amĂ©ricains, est en train d’être dĂ©truit par l’Occident au moyen de sanctions et de meutes de loups monĂ©taires qui s’exposent en vendant des roubles Ă  dĂ©couvert. Il n’y a vraiment presque aucune somme d’argent qui puisse battre les manipulateurs du dollar contre le rouble. Un taux d’intĂ©rĂŞt de 20 % tuera inutilement l’économie russe. »

L’homme d’affaires affirme que le principal effet de la hausse des taux « serait de soutenir les importations qui ne devraient pas être importées. La chute du rouble est donc favorable à la Russie en termes d’autosuffisance. À mesure que les prix à l’importation augmentent, ces biens devraient commencer à être produits sur place. Je laisserais simplement le rouble tomber pour trouver son niveau, qui sera pendant un certain temps inférieur à ce qu’il aurait du être naturellement, car les États-Unis le feront baisser par le biais de sanctions et de manipulations de vente à découvert dans cette forme de guerre économique contre la Russie. »

Mais cela ne raconte qu’une partie de l’histoire. L’arme fatale de l’arsenal de riposte russe a Ă©tĂ© identifiĂ©e par le chef du Centre de recherche Ă©conomique de l’Institut de la mondialisation et des mouvements sociaux (IGSO), Vasily Koltashov : la clĂ© est la confiscation de la technologie – comme dans le cas oĂą la Russie cesserait de reconnaĂ®tre les droits amĂ©ricains sur les brevets.

Dans ce qu’il qualifie de « libĂ©ration de la propriĂ©tĂ© intellectuelle amĂ©ricaine », Koltashov appelle Ă  l’adoption d’une loi russe sur les « États amis et inamicaux ». Si un pays figure sur la liste des pays hostiles, nous pouvons commencer Ă  copier ses technologies dans les domaines pharmaceutique, industriel, manufacturier, Ă©lectronique et mĂ©dical. Cela peut ĂŞtre n’importe quoi – de simples dĂ©tails Ă  des compositions chimiques ». Cela nĂ©cessiterait de modifier la constitution russe.

Koltashov soutient que « l’une des bases du succès de l’industrie amĂ©ricaine a Ă©tĂ© la copie de brevets d’invention Ă©trangers ». Maintenant, la Russie pourrait utiliser « le vaste savoir-faire de la Chine avec ses derniers processus technologiques de production pour copier les produits occidentaux : la libĂ©ration de la propriĂ©tĂ© intellectuelle amĂ©ricaine causera des dommages aux États-Unis Ă  hauteur de 10 000 milliards de dollars, seulement dans la première phase. Ce sera un dĂ©sastre pour eux ».

En l’état actuel des choses, la stupidité stratégique de l’UE dépasse l’entendement. La Chine est prête à s’emparer de toutes les ressources naturelles russes, l’Europe n’étant plus que le pitoyable otage des océans et des spéculateurs sauvages. Il semble qu’une scission totale entre l’UE et la Russie se profile à l’horizon, avec des échanges commerciaux limités et une diplomatie nulle.

Maintenant, écoutez le son des bouchons de champagne qui sautent partout dans le MICIMATT.

Pepe Escobar

Traduction « c’est frustrant d’en comprendre si peu » par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

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