Roberto Pierre, Magalie Habitant et Genderly Jean Pierre : Trois figures clés dans un réseau de trafic d’armes appuyé par des complices à la douane, l’aéroport et les frontières

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Un vaste réseau criminel impliquant des membres influents de la diaspora haïtienne, des responsables locaux et des complices bien placés dans les institutions stratégiques a généré plus de 15 millions de dollars grâce au trafic d’armes et de munitions destinées aux particuliers et aux gangs en Haïti.

Parmi les figures clés de ce réseau : Magalie Habitant, ancienne directrice du SMCRS, identifiée comme intermédiaire centrale dans les transactions entre fournisseurs et acheteurs, notamment via des connexions en République dominicaine.

Mais ce trafic ne pourrait prospérer sans une implication directe de la douane, des aéroports et des postes frontaliers haïtiens. Selon plusieurs sources, les trafiquants utilisent des complices infiltrés dans ces institutions pour faciliter le transport d’armes dans des bagages en soute. Par voie maritime, les cargaisons sont discrètement débarquées depuis des yachts privés, évitant les contrôles portuaires et atteignant les quais sous la couverture de complicités douanières.

Les membres du réseau profitent des prix bas des armes à feu et munitions aux États-Unis, où elles sont facilement achetées, pour ensuite les revendre en Haïti à des tarifs 10 à 25 fois supérieurs. Une simple arme achetée à 300 dollars peut ainsi rapporter jusqu’à 7 500 dollars une fois entre les mains d’un gang ou d’un particulier armé.

Le 16 avril 2023, Roberto Pierre, citoyen américain et acteur actif du réseau, a été arrêté à Delmas 32, dans un night-club. En sa possession : une somme de 4 453 574 gourdes, une arme de poing, un fusil à pompe calibre 12, un casque balistique, et du matériel de communication interdit.

Le 2 mars 2024, lors d’une attaque orchestrée par des gangs, Roberto Pierre s’évade avec l’aide de policiers corrompus qui l’escortent jusqu’à Morne Cabrit. Il est ensuite exfiltré vers le Cap-Haïtien, puis embarqué à bord d’un yacht privé en direction de Nassau, Bahamas, avant de rejoindre les États-Unis, libre.

Le volet financier de cette opération est tout aussi structuré : les fonds sont blanchis via des transferts Western Union, Zelle, Exchange, gérés par Genderly Jean Pierre, alias Alex Jean, à travers son entreprise HKT Multi Services basée à Port Saint Lucie, Floride.

Ce réseau mafieux, profondément enraciné et protégé, révèle à quel point l’insécurité en Haïti est alimentée par des intérêts internationaux puissants, complices locaux et des institutions infiltrées. Une véritable opération de démantèlement exigerait une coopération judiciaire internationale et une volonté politique forte.

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