Retour en force de Kely C. Bastien : “Tèt Ansanm” veut réveiller la politique haïtienne

Dans une ambiance mêlant courtoisie et solennité, le parti politique récemment relancé “Tèt Ansanm pour la Justice et le Progrès d’Haïti” a tenu ce samedi une rencontre stratégique de présentation dans la cité capoise. À l’ordre du jour : validation des statuts, clarification de la vision politique, et révélation de l’emblème officiel du parti.

Cet événement a marqué le retour sur la scène politique nationale de l’ancien Sénateur du Nord, Kely C. Bastien, figure bien connue du paysage politique haïtien. Longtemps au cœur des débats nationaux, Bastien revient avec une plateforme qu’il souhaite rassembleuse, progressiste et inclusive, en rupture avec l’immobilisme ambiant.

Face à une assemblée éclectique — universitaires, avocats, enseignants, paysans, étudiants, et figures influentes de la société civile — le discours de lancement a suscité intérêt et curiosité, donnant le ton d’un engagement politique renouvelé.

Dans son intervention, Kely C. Bastien a fermement dénoncé l’inaction du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) face à l’insécurité croissante. « Il n’y a pas vraiment de volonté politique pour résoudre le problème de l’insécurité, ni du côté du CPT, ni du côté du gouvernement haïtien », a-t-il déclaré avec vigueur.

Il a également pointé du doigt le manque de responsabilité des partis signataires de l’accord du 3 avril 2024, les accusant d’avoir failli à leur devoir de redevabilité. « Ils se sont plutôt dissociés de leurs représentants que de les rappeler à l’ordre », a-t-il souligné, dénonçant le manque de cohérence et de leadership dans la classe politique traditionnelle.

Avec “Tèt Ansanm”, le Dr Bastien ambitionne de construire une alternative moderne basée sur la justice sociale, l’inclusion, la transparence et la stabilité nationale. Il a insisté sur la nécessité d’une unité nationale authentique, portée par une plateforme politique représentative de toutes les couches de la société haïtienne.

En tant que président du comité ad hoc du parti, il a annoncé le lancement de consultations nationales en vue d’élargir la base du mouvement et de créer une structure apte à matérialiser cette vision ambitieuse.

Face à une confusion publique entre “Tèt Ansanm” et “Viv Ansanm”, Bastien a tenu à préciser l’origine et le sens profond de cette appellation :

« Tèt Ansanm est là depuis belle lurette et a déjà donné des résultats tangibles, comme le renversement de Jean-Claude Duvalier. Le mot a son importance selon la personne qui l’utilise. Le combite haïtien est l’exemple du tèt ansanm. »

Parmi les personnalités présentes figuraient le commissaire du gouvernement Charles Édouard Durand, Me Éric Sénatus, les professeurs Sadrack Ordena, Angelot Bell et Joël Clairesia, illustrant l’intérêt croissant suscité par cette initiative qui se veut pont entre les élites et les masses populaires.

Si les promesses portées par “Tèt Ansanm” séduisent par leur ton direct et leur volonté de rupture, la question demeure : ces promesses seront-elles suivies d’actes concrets, ou resteront-elles de simples intentions sur le papier ?

Une chose est sûre : le retour de Kely C. Bastien et son appel à un nouveau pacte social et politique pourraient bien redonner un second souffle au débat national. À condition, bien sûr, que les paroles d’aujourd’hui ne deviennent pas les déceptions de demain.

Source : Gérard Maxineau | MédiaMax