Claude Joseph et André Michel en première ligne pour la désignation des gangs comme groupes terroristes

Screenshot
Port-au-Prince | Avril 2025
Alors que les États-Unis s’apprêtent à franchir un tournant décisif en désignant les gangs haïtiens comme organisations terroristes étrangères, une initiative politique haïtienne antérieure a largement contribué à faire avancer ce dossier. En janvier dernier, l’ancien Premier ministre Claude Joseph et l’avocat André Michel, figure influente de l’accord du 21 décembre, ont adressé une lettre de trois pages au secrétaire d’État américain, appelant à la désignation immédiate du redoutable gang Viv Ansanm comme entité terroriste.
Cette lettre, également signée par trois autres personnalités politiques haïtiennes, souligne le rôle destructeur que jouent les groupes armés dans l’aggravation de la crise sécuritaire en Haïti. Les auteurs y rappellent que 5 600 personnes ont été tuées par les gangs en 2024, et que plus d’un million d’Haïtiens ont été déplacés de leurs foyers, provoquant une catastrophe humanitaire sans précédent dans la région.
“Les activités des gangs nuisent non seulement aux Haïtiens, mais à la sécurité de toute la région”, écrivaient les signataires.
Ils ont recommandé au sénateur américain Marco Rubio d’invoquer le Patriot Act, loi adoptée après les attentats du 11 septembre 2001, qui donne aux autorités fédérales les pleins pouvoirs pour cibler les menaces étrangères. Cette législation permettrait de sanctionner non seulement les chefs de gangs, mais aussi leurs financeurs, trafiquants d’armes et collaborateurs, y compris à l’international.
Le plaidoyer de Claude Joseph, également fondateur du parti EDE, et de Maître André Michel, du SDP, s’inscrit dans une volonté de mettre fin à l’impunité qui gangrène les sphères politiques, policières et criminelles du pays. Leur initiative rejoint désormais la nouvelle dynamique américaine, inspirée de la désignation récente du gang Tren de Aragua comme organisation terroriste, avec des membres transférés vers la prison de haute sécurité CECOT au Salvador.
Cette évolution marque un changement stratégique majeur dans la réponse internationale à la crise haïtienne. Longtemps limitées à des annulations de visas et des sanctions ciblées, les nouvelles mesures antiterroristes pourraient élargir la portée juridique des poursuites et ouvrir la voie à une coopération sécuritaire renforcée.
Alors que Port-au-Prince est au bord du chaos, que les attaques contre les policiers se multiplient et que les bandes armées étendent leur emprise à plusieurs départements, cette action concertée entre responsables haïtiens et partenaires étrangers pourrait représenter un point de bascule historique dans la lutte contre les gangs.
Le combat de C. Joseph et A. Michel, désormais reconnu au-delà des frontières, pourrait bien marquer le début d’un réveil diplomatique et judiciaire face à la terreur organisée.
Source: Miami Herald
