Journée internationale des droits des femmes 2025 : entre célébration mondiale et détresse des femmes haïtiennes

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Port-au-Prince, Haïti — Ce 8 mars 2025, le monde célèbre une nouvelle fois la Journée internationale des droits des femmes. Partout dans le monde, des manifestations, des conférences et des événements artistiques mettent en lumière les luttes pour l’égalité des sexes. Mais en Haïti, cette journée revêt une amertume particulière, alors que des milliers de femmes continuent de faire face à des réalités déchirantes, exacerbées par une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent.

Alors que le pays s’enfonce dans une spirale de violence, de déplacements massifs et d’instabilité politique, les femmes et les jeunes filles sont les premières victimes de cette crise.

1. Les violences sexuelles : une arme de terreur

Les viols sont devenus une arme utilisée par les gangs pour asseoir leur pouvoir et terroriser les populations. Des centaines de femmes, jeunes et moins jeunes, sont victimes d’agressions sexuelles dans les camps de fortune ou lors des attaques dans leurs quartiers.

« On ne peut plus dormir sans avoir peur. Quand ils viennent, ils violent les femmes, même les adolescentes », témoigne une déplacée dans un abri de Port-au-Prince.

Les victimes, souvent traumatisées, ne peuvent même pas espérer obtenir justice, tant l’appareil judiciaire est paralysé et les autorités démunies face à la montée en puissance des groupes armés.

2. L’insécurité économique : des petits commerces à l’agonie

L’insécurité chronique empêche également les femmes de gérer leurs petits commerces — une activité pourtant cruciale pour faire vivre leurs familles. Entre les pillages, les barrages routiers et les menaces constantes, beaucoup abandonnent leurs étals de rue ou ferment leurs échoppes, n’ayant plus les moyens de faire tourner leurs affaires.

« Avant, je vendais des fruits et des épices. Maintenant, je ne peux même plus aller au marché sans risquer ma vie », confie une commerçante de Carrefour, une commune durement touchée par la violence.

3. La prostitution des jeunes filles pour survivre

Le tableau s’assombrit encore avec la situation tragique des jeunes filles de moins de 15 ans qui, poussées par la faim et l’extrême pauvreté, se retrouvent contraintes de se prostituer pour de la nourriture ou quelques gourdes.

« Je connais des jeunes filles qui échangent leur corps pour un repas. Elles n’ont pas le choix, c’est ça ou mourir de faim », explique une travailleuse sociale locale.

Cette exploitation sexuelle des mineures est un fléau qui s’aggrave, faute de protection et d’alternatives économiques pour les plus vulnérables.

4. L’accès à la santé en crise : les femmes privées de traitements essentiels

La crise humanitaire frappe aussi durement le secteur de la santé. Le VIH/SIDA, qui touche de nombreuses femmes haïtiennes, devient de plus en plus difficile à combattre.

Le retrait des financements de l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) a drastiquement réduit l’accès aux traitements antirétroviraux et aux services de prévention.

« Les femmes séropositives sont abandonnées. Certaines ne peuvent plus suivre leurs traitements parce que les centres de santé n’ont plus les ressources nécessaires », déplore un médecin d’une clinique de Port-au-Prince.

Malheureusement, le gouvernement haïtien semble rester silencieux face à ces urgences. Aucune politique concrète n’a été annoncée pour pallier la fin de ces aides, et les associations féministes se battent seules pour alerter l’opinion publique.

Un 8 mars entre colère et espoir

En cette Journée internationale des droits des femmes, des militantes haïtiennes ont prévu des marches symboliques et des conférences pour dénoncer cette situation dramatique.

Leurs revendications sont claires :

• Une lutte active contre les violences sexuelles et une meilleure protection des victimes.

• Des mesures économiques pour soutenir les femmes entrepreneuses et commerçantes.

• Un rétablissement des financements pour la santé et un plan national pour combattre le VIH.

• La fin de l’impunité pour les auteurs de violences sexuelles et des gangs armés.

Malgré le désespoir ambiant, les militantes féministes refusent de baisser les bras.

« Le 8 mars n’est pas une fête pour nous. C’est un cri de colère. Mais c’est aussi un jour pour montrer que les femmes haïtiennes, malgré tout, restent debout et fortes », martèle une activiste lors d’une conférence de presse.

Alors que le monde célèbre les avancées des droits des femmes, Haïti rappelle cruellement que la lutte est encore loin d’être gagnée.

Le silence du gouvernement haïtien et l’inaction des autorités ne font qu’aggraver la situation. Ce 8 mars 2025, les voix des femmes haïtiennes résonnent plus fort que jamais, non seulement pour réclamer justice, mais aussi pour rappeler qu’aucun combat pour l’égalité ne peut être gagné si les plus vulnérables sont laissées pour compte.

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