Haïti : Fritz Alphonse Jean prend la tête du Conseil présidentiel de transition et appelle à l’unité face à la guerre des gangs

Port-au-Prince — En pleine crise sécuritaire, Fritz Alphonse Jean a officiellement pris les rênes du Conseil présidentiel de transition (CPT), remplaçant Leslie Voltaire dans le cadre de la présidence tournante. Lors de son investiture ce vendredi, l’économiste et ancien gouverneur de la banque centrale a lancé un appel solennel à l’unité nationale, qualifiant la situation actuelle de véritable guerre.
« Notre pays est en guerre aujourd’hui. Nous devons impérativement nous unir pour gagner cette bataille », a-t-il déclaré lors de la cérémonie à Port-au-Prince, où il a également observé une minute de silence en hommage aux policiers haïtiens et kenyans tombés sous les balles des gangs.
Le Conseil présidentiel de transition, formé en 2024 après la démission de l’ex-premier ministre Ariel Henry, a pour mission délicate de restaurer l’ordre et de préparer les élections générales prévues pour février 2026.
Mais la tâche s’annonce titanesque : selon l’ONU, 85 % de la capitale est désormais sous le contrôle des gangs armés, qui sèment la terreur malgré la présence d’une mission multinationale menée par le Kenya et soutenue par les Nations Unies.
La violence s’intensifie, et les chiffres sont alarmants : plus de 5600 personnes ont été tuées en 2024 — soit 1000 de plus que l’année précédente.
Fritz Alphonse Jean hérite donc d’une transition sous haute tension. Son mandat, bien que temporaire, s’inscrit dans une période critique où la priorité absolue reste le rétablissement de la sécurité pour permettre le bon déroulement du processus électoral.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a récemment proposé l’ouverture d’un bureau des Nations Unies pour fournir un soutien logistique à la mission kenyane — drones, carburant, et transports — afin d’intensifier la lutte contre les gangs.
Au-delà de l’urgence sécuritaire, Fritz Jean doit aussi répondre aux préoccupations politiques. Des voix comme celle de Clarens Renois, leader du parti UNIR, plaident pour qu’il soit le dernier président du CPT afin d’éviter une instabilité institutionnelle due aux changements fréquents à la tête du Conseil. Renois insiste sur la nécessité d’élargir le dialogue politique pour inclure les acteurs exclus de l’accord du 3 avril 2024 et garantir des élections transparentes.
« Après Fritz Jean, nous en aurons un autre, et encore un autre. Cela ne nous mènera nulle part », a-t-il averti, appelant à un consensus pour éviter une transition sans fin.
Le nouveau président du CPT devra jongler entre les impératifs sécuritaires et politiques, tout en regagnant la confiance de la population meurtrie. Son défi : poser les fondations d’une stabilisation durable pour enfin sortir Haïti de cette spirale de violence et permettre l’organisation d’élections crédibles et inclusives en 2026.
Le peuple haïtien attend désormais de voir si Fritz Alphonse Jean saura rallier les forces politiques, contenir les gangs et tracer la voie vers un futur plus stable.
Affaire à suivre dans les prochains mois, alors que le destin du pays reste suspendu à cette transition fragile.
