La gifle diplomatique dominicaine : Quand la République Dominicaine classe Viv Ansanm comme terroriste, Haïti reste sans voix

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Par Blaise Robelto Flanky, Politologue (CÉDI/ISGEA)

La récente décision de la République Dominicaine de désigner la coalition de gangs Viv Ansanm comme une organisation terroriste n’est pas simplement une mesure sécuritaire — c’est une véritable gifle diplomatique infligée au gouvernement haïtien et à sa politique étrangère déjà vacillante.

Cette annonce unilatérale illustre, une fois de plus, l’isolement diplomatique d’Haïti et la faiblesse criante de ses dirigeants face à une crise sécuritaire qui ronge le pays. Alors que la violence des gangs plonge des milliers de familles dans le deuil et le déplacement forcé, il aura fallu que ce soit un pays voisin — et non le gouvernement haïtien lui-même — qui prenne l’initiative de nommer et qualifier la menace.

D’abord, l’absence d’anticipation des autorités haïtiennes. Une diplomatie forte aurait permis à Haïti de prendre les devants en désignant clairement les groupes armés responsables du chaos, en lançant un appel à la coopération régionale et internationale, et en affirmant sa volonté de restaurer l’ordre. Au lieu de cela, le gouvernement haïtien semble subir les événements, incapable de contrôler le récit autour de la crise.

Ensuite, cette annonce met en lumière un manque de coordination bilatérale. Si la République Dominicaine a agi seule, sans concertation publique avec les autorités haïtiennes, c’est le signe d’une profonde rupture dans le dialogue diplomatique entre les deux pays. Une coopération sécuritaire authentique aurait exigé des discussions communes pour élaborer une réponse concertée face à l’insécurité qui menace autant Haïti que la République Dominicaine.

Sur le plan symbolique, cette décision dominicaine ternit encore davantage l’image du gouvernement haïtien. Comment un pays peut-il prétendre à la souveraineté lorsqu’un voisin prend l’initiative de définir et combattre une menace qui sévit sur son territoire ? Cette incapacité à agir en premier renforce l’idée que le pouvoir en place est dépassé par les gangs et désavoué par la communauté internationale.

Enfin, le silence officiel ou les réactions tardives des autorités haïtiennes risquent de délégitimer encore plus leur action. Une diplomatie réactive et proactive aurait exigé une réponse immédiate : soit pour soutenir la décision dominicaine et appeler à une coopération accrue, soit pour rappeler les principes de souveraineté nationale et proposer une stratégie claire pour démanteler ces groupes armés.

En somme, la République Dominicaine, par ce geste, ne fait que combler le vide diplomatique laissé par Haïti. Elle s’impose comme un acteur régional vigilant, pendant que le gouvernement haïtien lutte pour préserver ce qui lui reste de crédibilité.

Cette gifle diplomatique doit être un électrochoc. Si les dirigeants haïtiens espèrent regagner une once de respect sur la scène internationale, ils doivent immédiatement reprendre la main sur le dossier sécuritaire, relancer le dialogue diplomatique avec leurs voisins et surtout, prouver par des actions concrètes qu’ils peuvent encore assurer la protection de leur propre peuple.

Faute de quoi, d’autres nations continueront de parler à la place d’Haïti, dictant l’agenda sécuritaire du pays et reléguant le gouvernement haïtien à un rôle de spectateur dans sa propre crise.

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