Haïti : pourquoi les ambassades des États-Unis, de la France et du Canada ne déplacent-elles pas leurs services à Cap-Haïtien ?

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L’insécurité à Port-au-Prince complique l’accès aux visas

Alors que la violence des gangs continue de ravager Port-au-Prince, de nombreux Haïtiens s’interrogent : pourquoi les ambassades des États-Unis, de la France et du Canada ne déplacent-elles pas temporairement leurs services vers une ville plus sûre comme Cap-Haïtien ?

Se rendre dans la capitale pour un rendez-vous à l’ambassade est devenu un danger quotidien. Les enlèvements, les attaques armées et les barrages illégaux rendent le trajet périlleux pour des milliers de personnes cherchant à obtenir un visa — qu’il s’agisse de demandes pour études, travail ou tourisme.

Mais ce sont surtout les familles séparées par les frontières qui souffrent.

Le processus de regroupement familial, qui permet à des proches de rejoindre leurs familles à l’étranger, est gravement ralenti. Plusieurs candidats renoncent à leurs démarches par crainte pour leur sécurité.

“Nous avons peur de mourir juste pour un rendez-vous”

Jean Claude, 42 ans, tente depuis des mois de finaliser sa demande de visa pour rejoindre sa femme et ses enfants en France dans le cadre d’un regroupement familial.

“J’ai dû annuler mon dernier rendez-vous à l’ambassade parce que la route était bloquée par des hommes armés. On a peur de mourir juste pour un papier.”

Comme lui, des centaines de personnes vivent dans l’angoisse, forcées de choisir entre leur sécurité et la possibilité de retrouver leurs proches.

Des précédents dans d’autres pays

Le déplacement temporaire d’ambassades n’a pourtant rien d’exceptionnel.

• En Soudan (2023), plusieurs ambassades ont quitté Khartoum pour Port-Soudan à cause des conflits armés.

• En Yémen (2015), la France a transféré son ambassade de Sanaa à Djeddah puis à Riyad.

• Après la chute de Kaboul (2021), les États-Unis ont relocalisé leurs services diplomatiques à Doha, au Qatar.

Pourquoi ce qui a été possible ailleurs ne l’est-il pas en Haïti ?

Pourquoi pas Cap-Haïtien ?

Cap-Haïtien, deuxième plus grande ville du pays, semble être une alternative évidente :

• Sécurité relative : La ville est largement épargnée par les violences des gangs.

• Accessibilité : L’aéroport international du Cap-Haïtien permettrait aux diplomates et aux citoyens étrangers de voyager sans passer par la capitale.

• Stabilité : La région connaît une situation politique et sociale plus calme que Port-au-Prince.

Des obstacles logistiques et politiques ?

Alors pourquoi les ambassades ne bougent-elles pas ?

Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette réticence :

• Logistique complexe : Déplacer une ambassade exige des ressources, une infrastructure sécurisée et une coordination avec le gouvernement haïtien.

• Position diplomatique : Rester dans la capitale peut être vu comme un moyen pour ces pays de montrer leur engagement auprès des autorités haïtiennes.

• Sécurité du personnel diplomatique : Même dans une ville plus calme, garantir la sécurité des employés reste un défi.

Quelles solutions alternatives ?

• Services en ligne : Permettre le dépôt de demandes et les entretiens virtuels pour éviter les déplacements inutiles.

• Centres consulaires délocalisés : Installer des points de collecte de documents dans des villes sécurisées comme Cap-Haïtien.

Si les ambassades estiment qu’un déménagement est impossible, d’autres solutions doivent être envisagées pour protéger les demandeurs de visas :

• Traitement dans les pays voisins : Déléguer certaines démarches aux ambassades situées dans les Caraïbes.

• Procédures accélérées pour le regroupement familial : Simplifier les formalités pour réunir les familles séparées dans les plus brefs délais.

La question reste : jusqu’à quand les Haïtiens devront-ils risquer leur vie pour obtenir un visa ?

Pour Jean Claude, et tant d’autres, l’attente devient insupportable.

“Ce n’est pas normal de devoir choisir entre voir mes enfants et rester en vie.”

Les ambassades des États-Unis, de la France et du Canada sont désormais confrontées à une pression croissante pour adapter leurs services et répondre aux besoins des Haïtiens dans ce contexte de crise.

Avez-vous été affecté par ces difficultés pour obtenir un visa ? Partagez votre témoignage avec nous.

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